un mot pour un autre :: les carnets de bord
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François Chaffin | Carnet du 16 juin posté le 17 juin
[Consigne d'écriture : Je]
Je Petit joueur Tout petit je L’ego l’œdipe Rien ! Minuscule ! Ça baigne pour je Une tite maladie d’peau Une tite migraine Mais pas plus haut qu’le bord Un je tout riquiqui Des petites affaires en amour Des petites affaires de boulot Ça roule Calme Tout est sous contrôle No panique Un je toujours bien accroché Un je qui tient sur ses pattes No déséquilibre No pente savonneuse Un jeu de nada Une toute petite dupe Un je sans abîme Un je qui se joue dans le temps réglementaire Un je bien dans ses règles Bien dans ses baskets Un je coooooool Que tu peux promener partout Sortir dans la famille Montrer à tes collègues Un je qui force le respect Un je comme une petite boîte bien étanche Un je comme une cage Un je qui contient pas trois canaris Pas trois araignées Un je responsable Un je un p’tit peu notable Un je pas d’ici c’est sûr Pas assez mal Pas assez compliqué Pas assez je en somme Pas assez Un je tranquille Trop Un je Pas assez je pour faire une vie…
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Jack est au bord de la crise de nerfs « Je m’occuperai plus que des chiens ! » se dit Jack en garant son ambulance au pavillon des écrivains. « C’est fini, terminé, basta !!! Je jette les clés, allez hop, zou ! Je me gare et puis c’est marre, je rentre à la maison, n’y suis plus que pour les chiens… » Jack est en colère. Il est en colère parce que voilà des heures, voilà des jours, des semaines, des mois et des années que personne n’a demandé à Jack de conduire quelqu’un dans sa belle ambulance. Pas un appel sur son portable, rien sur son Jack tiret ambulance point com, personne qui veuille aller à l’hôpital dans la belle voiture blanche croisée de bleu du meilleur ambulancier de Limoges. Et ça lui fout les boules, à Jack, de ne pas être appelé. Ça lui donne une impression de gâchis, ce gyrophare qui ne tourne pas rond et cette sirène aphone. « Mais bon Dieu, où est le problème ? Elle sent le gaz mon ambulance ?! » Non Jack, ce n’est pas ton ambulance qui pose problème… « Alors, c’est moi ? J’ai pas les diplômes qui vont bien, peut-être ?! » Non, Jack, tes diplômes, c’est OK, ce n’est pas là le problème… « Mais putain, accouche, écrivain de mes deux, ça fait dix jours que tu habites mon pavillon avec tes copains parasites, alors si tu sais quelque chose, vas-y, crache-le, au moins que je sache ce qu’on me reproche ! » On est un con, Jack, mais On est le patron partout, et c’est On qui décide si tu dois travailler ou si tu peux aller te faire un ulcère. C’est comme ça, On a décidé que tu ne conduirais pas de malade dans ton ambulance, et personne ne peut plus rien y faire… « C’est quoi son problème à ce On, il me connaît, il sait ce que je vaux ?! » Oui, Jack, On te connaît bien, On a des dossiers sur toi, des expertises. Mais On est pragmatique ; alors quand On a vu dans tes papiers que tu n’existais pas, On a décidé de faire appel à un autre ambulancier, pas meilleur que toi, Jack, mais simplement un ambulancier qui existe, lui ; c’est tout… « Maudit On maudit ! Je m’en fous, de ce On, allez hop, zou, je m’occupe plus que des chiens et des écrivains. A partir de ce jour, ils peuvent bien m’appeler, me supplier, je fais plus que les chiens écrasés et les écrivains pavillonnés. Voilà, ma décision est prise, et c’est irrévocable. Bon, t’as soif ? Tu veux boire une petite mousse ? » Si tu veux, Jack, c’est d’accord, je t’attends. Ne t’en fais pas, dès que tu existeras, les choses iront bien pour toi, Jack, t’es un bon gars, ça se voit, je le sens…Un type qui décide de s’occuper des chiens et des écrivains est forcément quelqu’un de bien…Merci pour la bière, je vais me coucher maintenant, il est tard, je suis crevé. Bonne nuit Jack ! « Bonne nuit, l’écrivain, à demain ! » C’est sûr, ça, Jack, à demain…
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