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François Chaffin | Carnet du 17 juin posté le 18 juin

 

[Consigne d'écriture…]


Un vent de terre

Un vent de terre
Souffle dans nos têtes
Petit sirocco d’air et de sable
Un vent de terre
Nous pousse vers les larges
Un vent de terre
Charrie nos maux et mots
Soulève nos poussières
Lamine nos inquiétudes
Un vent de terre
Souffle de folie
Passe entre nos journées
Puis cale sur nos doigts
Aux encres désinspirées…

[Pardon Filip, j’ai confondu un vent de terre avec inventaire : articule !]

 

Inventaire (bis)

Un entonnoir
Débaptisé par le temps
La rouille
Deux brosses à dents
Comme deux orphelines
Une camisole qui ne ferme plus
Qui ne fermera plus jamais
Un plafond un pinceau une échelle
(le blagueur a disparu)
Dix pilules de toutes les couleurs
Dix couleurs dans une seule pilule
Des millions de plateaux-repas
Des millions d’allées et venues
Des millions de règlements
Des millions d’inattendus
Un seul sentiment de solitude
Et des copains et des copines
Une dernière photo de ce temps-là
Des impressions floues
Gestes attentionnés
Souvenirs d’Esquirol
De ces sourires qui m’ont guéri
Quelques rengaines
Des noms d’oiseaux sur des bordereaux
Des bordereaux pour seuls oiseaux
Des mots coincés à l’intérieur
Des mots qui ont trouvé le chemin
D’autres qui se sont tus
Une larme inévitable
Un corps qui se tend
Un poing qui frappe sur le destin
C’est fini, c’est fini c’est fini c’est fini !…

 

 

* * * * * *

 

Un type

Un type, quelque part dans le parc, il fume, il regarde attentivement la fumée passée dans son corps sortir de sa bouche et devenir formes, évocations, signes. Il ne dit rien. Les paquets en fumée sortent d’entre ses lèvres, s’élèvent, soulevés par l’absence de poids, par l’intensité du regard. Ainsi dansent en d’approximatives verticalités des suites géométriques, sphères boursouflées, triangles rebelles, polygones en mutations incessantes, qui deviennent en prenant de la hauteur des bizarreries qu’on ne sait pas nommer. Viennent alors les animaux et les visages mêlés, ces monstres gentils qui faisaient le ménage sous l’épiderme, si heureux de s’en sortir enfin, un jour qu’il ne pleut pas. Ensuite, c’est au tour des mauvaises pensées, des souffrances mal contenues, des herbes de silence, des rêveries chimiques, qui, dans des robes de volutes, se tordent sous les grimaces du vent. Encore et encore, par la bouche du fumeur, ils sortent, ils s’échappent, les sales peuples du dedans, libérés des geôles thoraciques, encore ils s’élèvent, se confondent aux immensités, disparaissent. Enfin le type écrase son mégot, ferme les yeux, consulte son esprit, sa chair, y voit toutes places nettes, un empire où vivre en paix. Alors il touche terre, il sourit et s’en va, laissant dans son sillage l’air colmater son absence avec un bruit de tôle qu’on déplie…

 

 

* * * * * *

 

Jack

Jack n’est pas un personnage romantique. Jack n’est pas un héros, pas un anti-héros, pas un salaud ni un type ordinaire, et Jack n’est pas une femme non plus. Un chien ? Vous déconnez ou quoi ! Jack est ambulancier au pavillon, et en théorie, il n’est pas impossible de faire une vie avec ça. Son seul vrai handicap, c’est qu’il n’existe pas.

 

 

 

 

 

 


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