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Jean-François Patricola | Carnet du 28 juin posté le 29 juin

 

[Consigne d'écriture : Un lieu]

Un lieu. Colin. Atlantique. Pêche aux filets dérivants. Des centaines de kilomètres de nasses fines qui empêchent les poissons-lunes de passer. Et les hommes qui ont la tête dans la lune aussi. Pêche-bêche ! Pêche Melba. Avoir la pêche. Ici, c’est plutôt difficile : les cachets t’anéantissent. Après tu n’as plus envie de faire du sport. De toute façon, le terrain de tennis est fermé à double tour. Tours de prestidigitateur. Agitateur depuis 30 ans ! L’âge de 30 ans. Comme la guerre. Guère le temps de penser à autre chose ici. Toujours les cachets. Pas les cachets d’artistes. Artiste de la faim. Merde, ça a déjà été écrit ça. Kafka ! K… plus précisément. Un drôle de K… Mûr pour ces lieux. Sans Max Brod. Qui brode pour les patients ? Patience. Jeu de cartes. Brouiller les cartes. Cartes militaires. De cartomancienne. Tout le monde ment. Menterie. Six menteries. C’est du béton comme histoire. Histoire d’en rire. D’en pleurer aussi. Aussi beau qu’il soit, il effraye les infirmières par ses cris de possédé. Posséder sa personne. Personne pour dire le contraire. Tout et son contraire. Tout. Une lieue. Marcher encore. Encore des cors aux pieds alors que son corps est ailleurs ; mis à tremper dans l’eau du lavoir. L’avoir ou pas la pêche ? Les médicaments ! Dur de la feuille. Même au Pavillon des Ambulanciers ! Feuille de chêne. Salades. Allemandes ou  non. Nom. Quel est ton nom ? Personne ! Mon nom est personne. Feuille caillou ciseaux. Ciseaux en bois. Comme la jambe. Ça me fait une belle jambe ! Encore !? Rimbaud ? On s’en fou ! On revient toujours au même point. Point de trame. Le lieu. On en est à dix mille lieux ! Ulysse. Du tac au Ithaque ! Ne pas oublier les cors de chasse pour donner corps aux plus belles illusions. L’homme est un loup pour l’homme avec ou sans loup ; à chacun son carnaval.

Sur un banc, sous le séquoia, un vieil homme chante à tue-tête : « bout de ficelle… celle… selle de cheval… cheval de course… course à pieds… pieds de nez… nez plus envie de la vie… »

A Esquirol, l’existence sous licol déroule son fil couper du beurre… Des gratte-papiers noircissent des pages dans l’espoir de dire le noir malgré le Désordre, le blanc malgré la grande lessive. Le bruit des autres ne s’écrit pas ! Il se dit !

Merde à Freud !

Air doktor. On manque d’air ici. On voudrait en partir. En partie. R. Mot. Mort. En plus, en moins. Ajouté. Retranché. Le col. Tranché. Licol. Licou. Le cou. Le coup à prendre. Prendre. Pendre. Toujours le r. Ajouté et retranché. Cela vous change un homme.

François et Pascale, et Filip et tutti quanti deviennent alors des lieux dans la mémoire ; des traces sans empreintes. Un drapeau qui moisit et que l’anti-mythe protège des arpèges tueurs du temps

 

 


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